Les cerises sont au plus bas à Noailles, 2,50 € le kilo aujourd’hui, et demain c’est juin. Et le mot de Grütze m’est revenu de Berlin, le mot et la chose. Pas un coulis, pas de la marmelade, pas de la confiture. Grütze, Kirschgrütze, presque toujours, jemals Rotegrütze. Plutôt une sorte de confiture minute. Les fruits rouges sont mis à cuire entiers avec du sucre, et confisent légèrement. A la fin, ils baignent dans un succulent sirop. Ça se mange avec du fromage frais, de la crème épaisse, de la straciatella. Ce qui est beau, c’est le blanc du lait qui tranche avec le rouge du fruit. Aux cerises on mêle souvent des baies plus acides, des groseilles, des airelles, un peu de cassis, pour gagner en acidité. Le meilleur, c’est avec les griottes. Là, je me suis contenté de simples cerises burlat du pays, mûres à point, même si c’est un peu rond au final.
Je coupe une petite livre de cerises en deux avec un couteau d’office pour enlever le noyau. Je place ces 40 centilitres de cerises dénoyautés non tassées avec 100 grammes de sucre dans une sauteuse sur le feu. Je remue régulièrement. Après quelques minutes, cela bout, je réduis le feu. Dix minutes de cuisson suffisent, mais on pourrait pousser un peu plus. Les cerises sont ainsi mi-cuites, mi-confites. Puisque c’est le dessert et que je m’y prends comme d’habitude à la dernière minute, je laisse refroidir sur le bord de la fenêtre. Pendant que finit de cuire une poêlée de courgettes du pays à l’ail. Ce sera le menu du soir.
Dans un bol, je place une belle cuillerée de fromage blanc frais, de vache ou de chèvre. En ce moment, nous avons du Col Bayard pris au Super-U. Et je l’entoure généreusement de Grütze encore tiède. Les berlinois l’adorent surtout avec de la crème épaisse, mit Sahne. Encore plus gourmand. Ce n’est pas le bonheur de la cerise mangée sur l’arbre. Ce n’est pas la confiture de cerises dégustée à la petite cuillère quand il fait froid. C’est une sorte de confiture fraîche. Avec l’acidité d’un fromage crémeux. Un délice. Grütze !