Prendre au mot

En début de soirée, ma douce me nargue en me disant qu’elle a envie d’un bon burger avec des frites et du ketchup. Après lui avoir simplement dit que je m’occupe du repas, je file en cuisine. Là, je jette un œil sur le garde-manger. Inspiré, je décide de la prendre au mot. Je me lance non exactement dans un burger mais dans un steak châtaigne carottes accompagné de chips et ketchup maison ! Ah ce qu’il ne faut pas faire. Il faut dire que je ne me souviens plus de la dernière fois où j’ai mangé un hamburger et que je regarde de loin cette mode actuelle du bœuf en rondelles. J’y vois une réaction  régressive face à la montée de la cuisine pauvre en viande qui est pourtant le seul avenir.

Pour trois ? Allez trois poignées de châtaignes. Je les entaille et les mets à griller à sec sur ma poêle perdue, je recouvre pour éviter que cela ne me pète à la figure. Trois carottes aussi que j’épluche avant de les râper grossièrement. Faute d’échalote ou d’oignon, je cisèle un mini poireau. Je le fais rissoler dans une poêle avec un peu d’huile d’olive. J’ai un peu de lard. Il va parfumer le tout à moindre frais. On peut aussi s’en passer et avoir un vrai steak végétarien. Je rajoute de très fines tranches dans la poêle. Quand elles ont doré, j’y ajoute mes carottes râpées. Elles vont juste cuire un peu. Je les arrêterai dans quelques minutes.

Pour le ketchup, trois autres mini poireaux finement ciselés dans une autre poêle. Bientôt j’y ajoute trois petites tomates en petits morceaux. Je fais réduire à feu doux jusqu’à obtenir la consistance voulue. Pour avoir du ketchup, rien de plus simple. Plus tard, j’ajoute un morceau de sucre et j’asperge de vinaigre de cidre. Je sale, je poivre. Je goûte. Pas assez acide ? Une petite giclée de vinaigre supplémentaire. Le tour est joué. Bon, je ne me suis pas donné la peine de le passer au chinois pour avoir un jus égal, mais le goût y est !

Quand elles ont noirci côté poêle, je retourne mes châtaignes. Une par une à la main. Aïe, ça brûle ! Noirs des deux côtés ? Je les retire du feu, les décortique avec le maximum de peau. C’est chaud mais elle s’enlève facilement. Je les place dans le beau saladier bleu en céramique. Je les écrase au pilon, pas besoin d’obtenir de la fine farine. Puis j’ajoute les carottes. Et je casse trois œufs. Je sale, je poivre. Je mélange. Voilà l’appareil ! Idéalement, il faudrait un cercle pour mouler trois jolis steaks. Je n’en ai pas. Je prends une tasse un peu large et pas trop haute. Je la remplis de farce et démoule. Il suffira dans la poêle d’écraser légèrement ce petit château et d’arrondir les bords pour obtenir la forme d’un superbe steak !

Pour les chips, je mets une petite sauteuse sur le feu avec un joli fond d’huile, trois centimètres. J’épluche six pommes de terre monalisa et débite de fines tranches avec le couteau éminceur bien aiguisé. Je les lave à grande eau pour évacuer l’amidon superficiel. Je choisis de les sécher en leur faisant faire des tours répétés de centrifugeuse. Puis je les fais frire par petites tournées. Au mieux, il faudrait d’abord un premier bain pour les cuire à coeur puis les retirer et les plonger dans un second bain très chaud pour les dorer. Là, je les fris en une seule fois. Quand elles sont dorées, je les place sur un plat et sale chaque nouvelle couche.

Quand les dernières tournées approchent, je fais griller mes steaks dans une poêle  avec de l’huile de pépin de raisin bien chaude. Cinq minutes de chaque côté suffisent pour terminer de cuire le steak et d’offrir de jolies faces brunes appétissantes. Voilà, après une bonne heure, le repas est servi.

Les chips ressemblent à des chips et le ketchup a le goût du ketchup. Le plus incroyable est ce steak. La châtaigne lui donne la consistance, la densité qu’on attend d’un steak. Et la carotte lui apporte du moelleux, le côté juteux, saignant. L’œuf lie le tout discrètement.  Dans la bouche, on l’oublie mais c’est lui qui donne sa si jolie couleur dorée au steak.

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Familial, sain, gourmand. Il y avait à manger. J’ai pris plaisir. J’avais envie d’un burger, j’ai mangé un burger.

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