Hier Noailles jour du soleil à 10h le ton monte, cris et appels se répondent dans l’allée pour mettre l’acheteur en panique, vite acheter, créer l’état de transe, j’aurai ma part, se précipiter sur les étals, j’essaie de garder mon sang-froid, analyser et comparer les prix mais je sens bien qu’au fond je suis atteint, juin ton soleil ardente lyre brûle mes doigts, voilà une pastèque entière d’Espagne à 2,50 € pièce, le vendeur m’a pourtant incité à prendre un simple quartier, un kilo de cerises du pays 2,50 €, deux melons de Cavaillon bien lourds deux euros, cinq citrons non traités de Sicile deux euros le kilo, quatre pêches blanches de Sicile, quatre nectarines, sept abricots muscat du pays, tous fruits d’été à 1,20 € le kilo, encore quatre, oui quatre belles barquettes de fraises cléry de Francis Marino producteur à Salon pour trois euros, bien mûres je garderai les plus belles en salade et ferai des autres un coulis, en prime une barquette de framboises fondantes offertes, quatre courgettes du pays à 1,20 €, je le regarde, le renifle, hésite, enfin me décide, un magnifique bouquet d’ail violet de Provence, dix-huit têtes ! une garnison d’ail estival à 2,50 € le kilo, plus loin de l’estragon soixante centimes il annonce une béarnaise il faudra sacrifier un bœuf, une botte de radis un euro l’entrée de midi, une botte de carottes 1,50 € les pots de Damoiselle, de la menthe soixante centimes et aux Halles Delacroix trois échalotes et un citron vert pour cinquante centimes, le tout 23 €, qui dit mieux ? bon marché, bonne cuisine !